Le recrutement pour la formation des
militaires comme réponse aux questions récurrentes d’insécurité en République
Démocratique du Congo
Le
recrutement régulier de même que la formation rigoureuse des éléments des
Forces Armées constituent pour une Nation la garantie permanente de la sécurité.
Dans cet article, notre recherche vise à susciter de l’engouement des jeunes congolaises
et congolais s’enrôler dans les Forces Armées. C’est aussi une exhortation aux
parents à offrir les meilleurs de leur progéniture au service du peuple via
l’Armée. La Nation congolaise est un patrimoine commun, il appartient à chacun
des congolais d’y apporter sa pierre pour un relèvement définitif sur tous les
plans. Pourtant rien ne peut se faire sans garantie suffisante de sécurité.
Cependant malgré l’avancée de la technologie, la sécurité ne se fait d’abord
qu’avec des hommes commis à cet office. Sans troupe, il est impossible de
sécuriser une nation. Sans officier, il n’est pas possible d’organiser la
troupe. Jean Bosco HAVUMA, Master en Gestion des Ressources Humaines,
Assistant à l’Université Catholique la Sapientia de Goma.
Email: havumajeanbosco@gmail.com
O. INTRODUCTION
Il fera bientôt vingt cinq
ans (si l’on considère les années 1990 comme début des hostilités dans
le Masisi au Nord Kivu), jour pour jour, depuis que la
République Démocratique du Congo est entrée dans un cycle des violences qui l’a
plongé dans un chaos indescriptible. Les corolaires de cette situation font de
la Nation congolaise un vaste champ de bataille qui ne fait qu’engloutir les
efforts de relèvement de ce pays à mal de résilience. Du coup l’on se demande
si le tissu de défense de l’Etat serait déjà décousu ou tout simplement s’est
désagrégé. Tous comptes faits, les Forces Armées existent et ne cessent de se
déployer sur tous les fronts. Le bilan de ceux qui sont tombés sur le champ
d’honneur ne faisant que s’alourdir, l’autorité de tutelle lance des appels au
recrutement mais les jeunes congolais ne semblent guère intéressés au métier des armes prétextant que
ceux qui s’y sont engagés avant n’y ont tiré aucun profit. Ils avancent que
ceux qui servent sous le drapeau sont pour les uns impayés et pour d’autres
sous-payés. Par conséquent, ils trouvent inutile de s’engager. Certains
adultes, voire des scientifiques, leur servent des arguments pour asseoir ce
point de vue. Mais doit-on clouer la Nation au pilori des intérêts
financiers ? N’est-il pas contradictoire, mieux, irresponsable de toujours
crier du haut de toits l’incapacité du gouvernement à sécuriser son peuple et
en même temps refuser de s’enrôler dans l’Armée ou obstruer les quelques jeunes
qui le désireraient ? C’est à cette problématique que nous voulons
consacrer cette étude afin de montrer aux compatriotes que la RD Congo est un
patrimoine commun à tous les congolais. C’est notre part d’héritage que tous,
nous sommes appelés à sauvegarder et à défendre pour nous-mêmes et pour des
générations futures. La meilleure voie pour y parvenir est d’embrasser le
service militaire et ce malgré le traitement salarial encore insuffisant comme
le prétendent les éteignoirs aux visées inavouées. Nous y parviendrons à quatre
temps. D’abord nous apporterons un éclairci sur le mobile qui a présidé au
choix de ce sujet, ensuite nous éluciderons la question du recrutement des
éléments des Forces Armées, puis nous prendrons en considération les dimensions
Formation de base et la professionnalisation des Eléments des Forces Armées. Enfin
nous présenterons notre conclusion en démontrant qu’il faut recruter malgré
tout et même contre tous.
I. Le recrutement correct des
éléments des Forces Armées
1.1.
Qu’est-ce que le recrutement en gestion des ressources humaines
De par l’article 7 du Code
du travail congolais, le recrutement est
« Toute opération effectuée dans le but de s’assurer ou de procurer à autrui la main
d’œuvre de personne n’offrant pas spontanément leurs services ». C’est la
démarche qui vise à procurer à une entreprise des nouvelles unités de main
d’œuvre. Pour Olivier MEIER (2009),
« Le recrutement est l’ensemble des politiques mises en œuvre
pour trouver un candidat correspondant aux besoins d’une organisation dans un
poste ou une fonction donnée ». Partant, il est ce processus, c’est- à-dire succession de plusieurs étapes, par lequel le manager s'assure d'avoir
un personnel adéquat en nombre et en qualification. Par ailleurs,
avance Jean Marie PERRETTI (2002), le
recrutement consiste à
engager le personnel ou
l’attirer dans une
société ou dans
une organisation. Pour tout dire, le recrutement est l’opération qui consiste
à pourvoir les postes vacants
moyennant l’embauche des personnes détenant des compétences et de la moralité éprouvée. Ce qui oblige une bonne
et rigoureuse sélection à la base, surtout pour une organisation aussi
singulière que les Forces Armées.
1.2. La procédure de recrutement
des éléments des Forces Armées
Tant le métier des armes
est particulier, tant il obéit à une procédure de recrutement tout à fait
différente de celles des autres entreprises et/ou organisations. En effet,
pendant que dans les autres services, le recrutement commence par la lettre de
demande d’emploi, lettre de motivation, pour le service militaire, la démarche
est toute autre. Plus concrètement, lorsque le besoin en personnel militaire se
fait sentir, l’autorité compétente lance un recrutement sur le plan national.
C’est le point de départ pour tout candidat qui désire embrasser la carrière
militaire.
Tout recrutement au sein de
l’Armée poursuit un but précis. Ce qui implique l’application des textes
légaux, normes, critères et processus régissant ce secteur. La Constitution de
la RDC est claire en son article 189 lorsqu’elle affirme que « Les
effectifs à tous les niveaux, les fonctions de commandement en tout temps et en
toute circonstance, doivent tenir compte des critères objectifs liés à la fois
à l'aptitude physique, à une instruction suffisante, à une moralité éprouvée
ainsi qu'à une représentation équitable des provinces ».
Au regard de ces textes, la loi
portant statut du militaire de la République démocratique du Congo dispose à
son article 28 que le recrutement des officiers et des sous-officiers
« doit avoir pour objet de pourvoir à la vacance d’un emploi
budgétairement prévu et repris au catalogue des emplois des Forces
Armées ». Par voie des conséquences, l’on retiendra que le recrutement des
militaires ne se fait jamais par hasard, moins encore de n’importe quelle
manière et surtout pas n’importe quand. Il se fait sur concours portant sur les
épreuves physiques, psychotechniques et aptitudes militaires dont les modalités
sont déterminées par l’arrêté du ministre ayant dans ses attributions la
défense nationale, sur toute l’étendue du territoire national. Il tient compte
de la participation équitable de toutes les provinces et de la dimension genre.
Il peut néanmoins se faire sur titre lorsque le nombre des candidats ne dépasse
pas le nombre des postes à pourvoir. Cette loi prévoit par ailleurs au même 28
que : « Nul ne peut être recruté dans le cadre des officiers et des
sous-officiers s’il a appartenu à une armée étrangère ou s’il a acquis une
nationalité étrangère ».
En effet, tout recrutement doit être budgétisé,
se conformer au catalogue des emplois
et tenir compte aussi bien des données démographiques
que de l’équilibre géographique,
au regard de l’ensemble du territoire national. En ce qui est des conditions de recrutement, elles sont établies en
conformité avec la loi. Ainsi, pour le
recrutement « direct » c’est-a-dire qui se fait parmi la
population civile, on distingue :
a) Les candidats Officiers qui seront recrutés pour
être formés à l’Académie Militaire. Ils
obéiront au critérium ci-dessous défini conformément aux articles 27-43:
-
Etre de nationalité congolaise ;
-
Détenir au moins un diplôme d’Etat ;
-Etre
âgé de 18 ans au moins et de 25 ans au plus, au jour du concours ;
-N’avoir
pas d’antécédents judiciaires;
-
Etre célibataire et sans enfant au moment du recrutement
-
Satisfaire aux Tests d’Aptitudes Physiques Générales, Tests médicaux et les
Tests psychotechniques.
b) Le recrutement des spécialistes : il est
organisé pour les candidats universitaires
détenteurs des diplômes d’enseignement
supérieur. Ceux-ci sont recrutés
directement par les FARDC suivant les besoins. Ils devront remplir les
conditions de recrutement suivantes :
-Etre de nationalité congolaise ;
-Etre âgé de 23 ans au moins et de 30
ans au plus, au 1er janvier
de l’année du concours ;
-N’avoir pas d’antécédents judiciaires;
-Etre célibataire et sans enfant
-Réussir aux tests de sélection: Tests médicaux, TAPG et Tests psychotechniques.
c)Le recrutement sur titre : il concerne uniquement les
candidats diplômés de l’enseignement supérieur (graduat ou licence). Ils sont
recrutés aux conditions suivantes :
- être âgé de 22 ans au moins et de 28 ans, au plus, au jour du
concours ;
- être célibataire et sans enfant.
- Réussir aux tests de sélection et concours d’admission.
d) Les Candidats Sous-officiers de leur part
sont recrutés pour l’Ecole de formation des Sous-officiers. Les
conditions suivantes seront remplies au préalable:
-
Etre volontaire ;
- Etre de nationalité congolaise ;
- Etre de nationalité congolaise ;
- Etre âgé de 18 ans au moins et de 25
ans au plus, au 1er janvier
de l’année de recrutement ;
- Avoir un niveau d’instruction de
minimum 4 ans post primaire ;
- Etre célibataire sans enfant.
- Réussir aux tests de sélection
e) Quant aux candidats troupe, les conditions de
recrutement sont ainsi définies:
- Etre volontaire ;
- Etre de nationalité congolaise ;
- Détenir au moins un certificat de 6ème année primaire ;
- Etre âgé de 18 ans au moins et de 23
ans au plus, au jour de la
sélection ;
- N’avoir pas d’antécédents judiciaires;
- Etre célibataire et sans enfant ;
-Réussir aux tests de sélection: Tests médicaux, TAPG et Tests
psychotechniques
1.3. L’impérativité du recrutement
des éléments des forces armées
Considérant la complexité du
recrutement dans les Forces Armées, il s’agit d’une activité qui ne peut se
réaliser plusieurs fois par an. Cependant la coutume en RD Congo veut qu’elle
s’effectue une fois l’an. Curieusement, beaucoup n’y mettent pas assez
d’importance. Depuis 2012 le Ministre de la Défense Nationale et des anciens
combattants lance chaque année des appels à candidature. Au niveau local, le
commandement de la Région militaire répercute le message comme il se doit, mais
il se fait qu’au Nord Kivu, le quota réservé à la Province n’est jamais
atteint. Aux cotés de ceux qui avancent des opinions pour ne pas répondre
favorablement à l’appel patriotique pour la Nation, nous voulons offrir aux
hésitants et négativistes, des raisons, des indicateurs de maturité qui
militent pour leur engagement.
a) Renforcer les
capacités de défense de la RDC : si à l’indépendance le Congo ne comptait qu’un
peu moins de 30000 hommes répartis en 14 Bataillons d’infanterie, 7 Bataillons
de garde, 7 Bataillons de parachutistes, 1Bataillon d’infanterie mécanisée et
1Régiment de véhicules blindés, le pays n’avait qu’une population estimée à environ
12 000 000 habitants (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat_ind%C3%A9pendant_du_Congo.
Consulté le 2 Décembre 2015 à 11 :23). Cinquante cinq ans
plus tard, la nation congolaise a connu une explosion démographique très importante.
La population est serait estimée entre 70000000 et 100000000 d’habitants, soit
près de six fois plus que sa démographie lors de son accession à
l’indépendance. Les effectifs militaires
sont-ils proportionnels à cette croissance ? Une étude ethnologique ne manquera pas de
constater des incursions des groupes armés à plusieurs origines. Ils sont soit
en gestation, soit en action dans tout le pays, alors que l’article 190 de la loi fondamentale de 2006 interdit toute
organisation de formations militaires ou des milices privées. Ainsi le fait que
le pays est secoué de tous cotés est un signe d’insuffisance criante au sein
des Forces Armées de la République Démocratique du Congo. L’abandonner aux
seuls volontaires actuellement sous le drapeau
devrait renvoyer chaque congolais à accepter les conséquences des occupations
illégales et illégitimes : tueries, vols, viols, pillage des ressources
naturelles et forestières, enlèvements et peut être plus tard, la déportation.
L’Armée est la colonne vertébrale de toute nation. Une fois fragile, la nation
perd son équilibre.
b) Recompléter les
effectifs : nul n’ignore que la RD Congo a -et continue à- traverser la
période la plus dure de son histoire. Elle est caractérisée par des
affrontements, tantôt contre des forces négatives d’origine interne tantôt
contre des armées venues des pays étrangers. Ce qui n’a pas manqué de plonger
les FARDC voire tout le pays dans une
situation on ne peut plus inextricable. Pour cause, beaucoup de pertes en
hommes : des vaillants combattants sont tombés en grand nombre sur le
champ de l’honneur pour que le reste de la population retrouve la sécurité. Continuer
ainsi à perdre sans recruter des nouveaux éléments, l’on finira à vivre dans un
pays sans défense du tout. Aux congolais de faire le choix : vivre dans
uns pays sans défense de peur d’aller mourir au front sans récompense ou se
prédisposer à défendre la Nation et d’en cueillir les bénéfices plus tard. Le
service militaire est un service au peuple et non une affaire d’argent, ou un
bisness.
c)
Remplacer les milliers des blessés de guerre : les éléments des FARDC ne
sont pas inamovibles. Ils s’avancent au front tout en sachant qu’ils sont
vulnérables. Pourtant ils s’y lancent pour le bien de leur pays, cet héritage
communautaire. Certes, ils souffrent dans leurs corps lorsqu’ils sont blessés.
Ils sont cependant consolés et réconfortés lorsqu’ils voient leurs paires avancer
sans coup férir. Par ailleurs, leur consolation sera d’autant plus grande
lorsqu’ils verront leurs armes récupérées par les cadets qui viennent prendre
leurs places dans les rangs pour poursuivre la même mission de défendre
l’intégrité du territoire, de protéger la population congolaise ainsi que ses
biens.
d)
Préparer la relève : le cycle de la vie des humains est tel que quiconque
est né un jour est appelé à grandir, à vieillir et plus tard à mourir. Outre
les décès et les blessures dus aux guerres à répétition dans notre pays, les
hostilités ont eu aussi entre autres effets, l’interruption du cycle normal de
gestion des ressources humaines militaires. Ainsi, depuis 1995 jusqu’à 2011,
les FARDC n’ont plus recruté et donc n’ont plus formé des militaires dans leurs
centres. Ce qui porte pour conséquence qu’à l’heure actuelle, il n’y a plus beaucoup
de techniciens des domaines proprement militaires qui soient âgés de moins de
45 ans. Pour la plupart, ils ont 55 ans et au delà. Bref, des pièces disposées
à la retraite. Une enquête que nous
avons réalisé sur cette question de Janvier 2012 à Décembre 2013 dans la
Garnison militaire de Goma révèle les
données suivantes :
Tableau n° 1 : Répartition selon l’âge
des enquêtés
OPINION :
Quel âge avez-vous ?
|
FREQUENCE
|
%
|
De
18 a 25 ans
|
7
|
1,96078431372549
|
De
26 a 35 ans
|
77
|
21,56862745098039
|
De
36 a 45 ans
|
91
|
25,49019607843137
|
De
46 a 55 ans
|
91
|
25,49019607843137
|
De
56 et plus
|
91
|
25,49019607843137
|
TOTAL
|
357
|
100
|
Source :
Résultats d’enquêtes sur terrain
Tableau
n° 2: Répartition selon l’ancienneté dans l’Armée
OPINION :
Combien de temps avez-vous déjà passé dans l’Armée ?
|
FREQUENCE
|
%
|
De
0 a 5 ans
|
63
|
17,64705882352941
|
De
6 a 15 ans
|
56
|
15,68627450980392
|
De16
a 25 ans
|
70
|
19,6078431372549
|
De
26 a 35 ans
|
56
|
15,68627450980392
|
De
36 à 45 ans
|
112
|
31,37254901960784
|
De
46 à 55ans
|
0
|
0
|
De
56 a plus
|
0
|
0
|
TOTAL
|
357
|
100
|
Source :
Résultats d’enquêtes sur terrain
Une lecture attentive du premier
tableau, il ressort qu’en faisant la simple sommation des résultats des 4 eme,
5 eme et 6 eme lignes, nous remarquons que plus de 75% des éléments de la 8Rgn
Mil (actuellement 34è Région Militaire) sont entre 36 et au delà de 56 ans. Par
ailleurs, le deuxième tableau indique aux 3è, 4è et 5è ligne des proportions
importantes de 19, 15 et 31% dont la sommation donnerait près de 65% d’enquêtés
ayant réalisés entre 16 et 45 ans de service alors que la loi prévoit 22ans
pouvant être prolongés de 1 à 4 ans (Loi portant statut du militaire des FARDC,
articles 184-189). Ce pourcentage élevé
bien que limité dans son champ de recherche indique que la majorité des
Militaires ont vieilli. Certains ont même dépassé largement l’âge de la
retraite. Si des jeunes n’embrassent pas le service
militaire, quelques temps suffiront pour emporter le dispositif en place de nos
jours et laisseront la RD Congo sans défense du tout.
e)
Constituer une réserve en hommes de troupes : Gérer c’est prévoir. Les
événements malheureux bien que l’on semble s’y habituer n’avertissent pas. Ils
surviennent quand rien ne présage le pire, parfois sans aucun signe indicateur.
Pour autant que sur pieds de guerre les troupes requièrent une gestion
délicate, une réserve de troupes en cantonnement est une garantie rassurante du
commandement. En cas de besoin il peut
donc y recourir pour reposer une unité opérationnelle à perte d’énergie. Ainsi
plusieurs unités peuvent se relever sur une même position et maintenir la
pression pendant plusieurs heures sans se lasser. Ce qui élargit la marge des
possibilités de victoire sans beaucoup de pertes.
2.
La formation des éléments des Forces
Armées
2.1. La signification profonde de
la formation
Du latin formatio, formare,
la formation est une période d’éducation
durant laquelle le stagiaire acquiert
des connaissances
et des compétences. Ainsi se comprendrait-il comme étant l’action de
former, d'organiser, d'instituer. Le langage
heideggérien le traduit par ‘’ "Bildung’’ qui signifie à la fois
figuration (bild : image) et éducation. En effet Pour Heidegger, Bildung
a un double sens. D'abord, c’est un acte formateur qui imprime à la chose un
caractère, suivant lequel elle se développe. Ensuite si cette formation
"informe", imprime un caractère, c'est parce qu'en même temps elle
conforme la chose à une vue déterminante, qui pour cette raison est appelée
modèle. En fin, la Bildung est un travail sur soi, une culture de ses
talents pour son perfectionnement propre. Elle vise à faire de l'individualité
une totalité harmonieuse la plus riche possible, totalité qui reste liée pour
chacun à son style singulier, à son originalité (Michel FABRE 1994).
Dans son sens large, le mot formation
désigne un ensemble d’activités qui tendent à la valorisation du personnel,
qu’il ait la promotion ou non. Le domaine de la formation comprend ainsi
l’éducation en générale, l’enseignement, la formation pratique, le stage de
perfectionnement… Cependant au sens strict,
l’on parle de formation lorsque une activité est
organisée et exécutée dans le but de préparer un candidat à un poste
bien déterminé en le soumettant à l’acquisition des nouvelles connaissances,
nécessaires pour le poste auquel il est préposé. Il existe deux sortes de
formation, notamment : la formation de base et la formation professionnelle.
2.2. La
Formation de base
C’est celle qui comprend tout ce
que le candidat a acquis comme éducation et instruction en rapport au poste
qu’il sollicite. Par exemple, un candidat enseignant de l’école primaire. A
l’affichage d’une offre d’emploi au poste d’enseignant de l’école primaire,
tout le monde peut postuler. Mais lors de la pré-sélection des candidatures en
vue du test, le gestionnaire des Ressources Humaines ne retiendra que les
candidatures dont le CEV mentionne que le requérant a fait l’école primaire au
grand complet et les humanités pédagogiques, dans l’option de Psychopédagogie.
Le dossier devra pour ce faire présenter la photocopie du diplôme sanctionnant
ces études. Notons que ce type de formation est très nécessaire car même si
plus tard le candidat sera porté à perfection, il devra d’abord avoir une
formation de base solide.
Dans le domaine militaire, la
formation de base est la
transformation à donner au Personnel afin de le qualifier et de le rendre utile
dans les Forces Armées. En effet personne, propose l’article 44 de la loi portant statut
du militaire des FARDC : « ne peut devenir officier ou sous-officier
s’il ne justifie d’une formation générale et militaire adéquate ».
Ainsi, il y a des conditions à chaque niveau de Formation avec pour objectif de
rendre efficace l’outil de défense par le recours aux hommes qualifiés.
Pour ce faire, l’admission
des officiers s’effectuera au grade de sous-lieutenant ou enseigne de vaisseau
de deuxième classe(FN) aux conditions suivantes :
-Avoir terminé avec succès la formation
d’officier dans une académie militaire nationale ou étrangère reconnue par
le Gouvernement ;
-Il en est de même pour les candidats
détenteurs d’un titre académique de niveau supérieur ou de niveau universitaire
reconnu par le Gouvernement, les candidats doivent avoir suivi avec succès la
formation d’officier, d’une durée d’au moins neuf mois, assurée par une académie militaire ;
-Des dispositions particulières sont
prévues pour des spécialités comme les médecins, les chirurgiens dentistes, les
pharmaciens, les aumôniers, les magistrats….
Quant aux sous-officiers,
l’admission s’effectue au grade de sergent ou de Quartier-maitre (FN) à condition
de :
-Etre de nationalité congolaise ;
-Etre porteur d’un diplôme d’Etat au
moins ;
-Avoir satisfait aux épreuves imposées
par le ministère de la Défense nationale à l’issue du cycle de cours suivis
dans une école de formation de sergent ou de quartier-maitre.
A la fin de sa formation de base,
l’admission de l’officier et du sous-officier au service militaire ne peut être
effective qu’à partir du jour de sa prestation de serment dont la teneur :
« Moi…………………….(Nom, Grade et Matricule) devant la Nation et devant le Président de la
République, commandant suprême des forces armées, je jure fidélité à la
République Démocratique du Congo, obéissance à la constitution et aux lois de
la République, de défendre la patrie avec honneur, dignité et discipline
jusqu’au sacrifice suprême ». Faute de ce serment, rien n’engage qui que ce soit à servir sous le drapeau. De
toute évidence, le candidat qui n’aura pas satisfait aux épreuves organisées
sera rendu à la vie civile comme l’indique l’article 47 de la loi portant
statut du militaire des FARDC étant donné que pour le service militaire, la
seule volonté ne suffit pas. Il faut y joindre les aptitudes que seules les
épreuves peuvent confirmer.
2.3. La professionnalisation des
Forces Armées
La formation
professionnelle est plutôt un perfectionnement du personnel. Elle vise
l’obtention des nouvelles connaissances, des nouvelles aptitudes à acquérir.
Cette formation est organisée et prise en charge par l’entreprise au profit de
ses agents dans le but de les spécialiser à leurs taches. Les motifs poussant
le chef d’entreprise à organiser une formation sont divers. L’on cite entre
autres :
- Le
désir d’améliorer la propriété en valorisant le capital humain ;
- La
volonté de faire évoluer le personnel ;
- La
volonté d’introduire de nouvelles méthodes dans l’entreprise ;
- La
possibilité d’offrir à chacun des occasions d’améliorer sa culture (l’élargissement)
l’enrichissement des tâches ou enrichissement des postes.
Comme préalable à examiner par
l’entreprise voulant organiser une formation, il faudra considérer la situation
actuelle, ainsi que les projets à court et à moyen terme. Il faut également
considérer l’opportunité comme un
préalable majeur tout en se basant sur la conjoncture économique, nationale et
internationale, de la profession et de la région. La formation professionnelle
continue est un champ d’étude particulièrement vaste et riche.
L’essentiel des efforts dans
ce domaine a longtemps pris la forme de la formation sur le tas, système
dans lequel c’est au contremaître ou aux autres ouvriers qu’il incombe de
former l’ouvrier, au sein même de l’atelier, à la bonne tenue du poste (Loïc
CADIN e.a. 2007). Cela ne signifie certes pas qu’il n’y ait pas de
besoins. Bien au contraire, dès le XIXè siècle, le manque d’ouvriers qualifiés
se fait cruellement sentir (Loïc CADIN
e.a.
2007), ce qui ne permet plus qu’il y en ait parmi eux, ceux qui soient en
mesure de former les autres.
De ce fait, l’Etat se devra de
s’impliquer de façon croissante et active dans la formation professionnelle
dans tous les domaines. Surtout considérant qu’elle coûte sur le plan
financier, elle ne fait pas figure pour la plupart d’entreprises. L’Etat doit
les y contraindre jusqu’à créer de
la concurrence avec d’autres organisations dispensatrices de
formation, générale ou professionnelle. La Formation professionnelle connaît
aujourd’hui un paradoxe qu’ont également connu la culture d’entreprise ou la
participation. Reconnue dans les entreprises parce qu’érigée au rang de
véritable pratique gestionnaire, elle est aussi de ce fait, en passe d’être
réduite à cette seule dimension. Ce qui n’est pas sans déclencher quelques
effets pervers dans sa mise en œuvre et dans le regard porté sur elle.
Ainsi pour passer à la formation
professionnelle, le service des Ressources Humaines doit faire un état évaluant
les besoins de l’entreprise en matière de formation. Certes, les études
universitaires sont insuffisantes et doivent être complétées par le monde
ouvrier. Pour ce faire, Plusieurs
possibilités sont offertes pour l’organisation :
a) Procéder
à une organisation interne de la formation :
c'est-à-dire créer un centre dans l’entreprise où les agents seront
formés ;
b) Faire
appel à des organismes : C’est faire en sorte
que lorsqu’une entreprise veut soumettre un certain nombre de ses agents à la
formation, l’entreprise fait recours à une organisation spécialisée dans la
matière dont elle a besoin ;
c) Stage
d’information : Il consiste en des visites, des
voyages ou missions au sein de différents services ;
d) Stage
ou production ou de vacance : Ce type concerne des
candidats pour lesquels l’entreprise désire soit accroitre la production, soit
encore renforcer en capacités en vue de le préparer à des prochaines fonctions.
C’est ici le lieu de parler du
recyclage i.e. cette formation/stage qui vise une adaptation/réadaptation face
aux évolutions technologiques et scientifiques de l’environnement du
travail ;
e) Stage
d’essai ou stage de probation : Il relève d’un contrat
d’essai caractérisé par le fait qu’on peut y mettre fin sans préavis, tant du
côté du salarié que du côté du patron.
Sur le plan militaire, il arrive que l’Armée spécialise certains Militaires
dans les cours civils. Sinon, on recourt aux Ecoles Militaires qui donnent
différents brevets (IV, III, II, I etc.). D’où, l’importance de rendre
compétitives et meilleures les écoles militaires de la RDC afin d’obtenir des
bons animateurs des unités des FARDC dans une visée de la formation permanente.
Et cela est de la compétence du ministre ayant la Défense Nationale dans ses
attributions. C’est à lui qu’il revient de fixer les modalités de cette
formation continue aussi bien dans les écoles militaires nationales, dans les
institutions civiles nationales que dans les académies militaires ou civiles
étrangères.
2.4. L’obligation d’une
formation complète et rigoureuse
Plus précisément, il
importe que la formation soit reconnue comme constituant une pratique de
gestion comme les autres. De même que la GRH ne s’est imposée dans les
organisations qu’à partir du moment où elle a pu être considérée comme facteur
significatif de la productivité et de la performance, la formation ne se fera
une place à côté des autres disciplines de gestion –aidée en cela par
l’émergence de la GRH- que dès lors que la preuve sera faite de ses complices
étroites avec les idées de productivité, de qualité, de rentabilité et de
compétitivité, de ses liens avec la stratégie de l’entreprise. C’est à cela que
les gestionnaires des RH font face depuis les années 1980 lorsque les auteurs
transmuent la Formation Professionnelle Continue (FPC) à l’expression
« formation-investissement » ou encore « investissement
formation » selon les écoles.
Bien évidemment jusque-là, ce ne
sont pas toutes les entreprises qui sont convaincues de l’intérêt qu’il y a à faire de la formation.
Pourtant, quelles que soient ses limites, la formation-investissement est un
mythe utile car en elle-même, elle est gratifiante pour la pratique qu’elle
désigne et pour ceux qui la mettent en œuvre ou la financent. Dans ce cas
précis, la formation cesse d’être une dépense faite à fonds perdus, aux
retombées exclusivement sociales, dépourvue de toute visée anticipatrice et de
tout lien avec les priorités économiques et stratégiques de l’entreprise, sans
technicité particulière, car de par sa définition, elle est un moyen et non une
fin en soi.
Par voie des conséquences, vu le
contexte actuel de la réforme qui vise la refondation des FARDC, l’école
supérieure d’Administration militaire est ouverte à tout officier qui en fait
la demande au chef Etat-Major Général par la voie hiérarchique et satisfait à
l’épreuve organisée à cet effet. L’âge requis limité à 40 ans au maximum devait
être revu et ainsi rendre cette étape obligatoire pour tout officier qui n’y a
pas participé volontairement. Cela permettrait une certaine remise à niveau de
pas mal d’officiers incorporés sur fond de mixage, brassage, intégration… A la
fin, la formation à l’école supérieure dans ce cadre serait dans un premier
temps multidimensionnelle et multisectorielle. Elle ne serait plus sanctionnée
par le seul brevet d’administration militaire mais pour un premier temps de
différents brevets selon l’orientation, le niveau et les aptitudes de chacun.
En ce qui concerne les sous-officiers, ces derniers suivent une
formation continue dans la même spécialité en quatre phases à savoir :
-La formation à l’Ecole des
sous-officiers ;
-La formation au Brevet III ;
-La formation au Brevet II ;
-La formation au Brevet I ou brevet de
Maitrise.
Ne sera admis au Brevet III que le candidat recruté parmi les finalistes
de l’Ecole des sous-officiers. Il devra être bien noté et proposé par ses chefs
hiérarchiques. Il est recommandé que le candidat à ce niveau ait fait au moins
quatre ans d’études post-primaires. Pour
le Brevet II, la formatons est ouverte à tout sous-officier de deuxième classe
ayant accompli deux ans dans le grade, porteur d’un Brevet III dans la
spécialité considérée et noté favorablement par le commandant d’unité. Il en
est de même pour la formation au Brevet I ou de maitrise. Elle est ouverte au
profit de tout sous-officier de première classe ayant accompli deux ans
d’ancienneté dans le grade et porteur d’un Brevet II dans la spécialité
considérée et favorablement noté, puis
proposé par le commandant d’unité.
3. Conclusion : le Recrutement
et la formation des éléments des Forces Armées, exigences premières de
résilience
Le recrutement est l’étape fondamentale dans toute
administration au sein d’une entreprise ou une organisation. Rater ce
rendez-vous implique automatiquement le lancement d’un personnel inefficace, ce
qui prédispose cette organisation à une faillite précoce. Or il se fait que
l’armée est la colonne vertébrale d’une nation. Pour la protéger et la défendre
correctement, il s’impose plusieurs impératifs dont un bon recrutement et une
bonne formation.
Un bon recrutement devra se référer au profil élaboré afin de s'en tenir aux
critères d'évaluation prédéfinis par l’Etat congolais. Le manager devra dès
cette étape être à mesure d’éliminer les candidatures peu prometteuses et de ne
retenir que les meilleurs candidats potentiels. La gestion et le
contrôle des éléments du corps d’armée nécessitent une attention particulière
en cette heure de l’histoire de la RDC. Certes, on nait guerrier par nature mais nul ne nait soldat. On le
devient, et ce après une rigoureuse formation ayant pour objectif de
rendre efficace l’outil de défense par le recours aux hommes qualifiés. Notons
par ailleurs qu’il y a des conditions à chaque niveau de Formation. C’est à l’issue de celle-ci que les recrues
militaires «jouissent des certains privilèges ou sont revêtus des titres
qui les distinguent d’autres citoyens » (Dieudonné
IBANDA KATENDA 2006).
Pour un pays en récession comme la RD Congo, tout
relèvement ne peut être possible que si et seulement si les conditions
sécuritaires sont améliorées, mieux,
assainies. Sans sécurité, pas d’agriculture, sans sécurité, pas il n’y a
pas de commerce, sans sécurité il n’y a pas d’investissement possible, sans
sécurité toute activité économique patine. Ainsi pour permettre à la Nation de
se relancer sur le plan économique, il faut lui permettre de redorer son
appareil sécuritaire notamment son armée, d’abord par une bonne sélection et
formation de ses éléments. Ce qui n’est possible que si et seulement si les
congolais lui offrent les meilleurs des leurs filles et fils aussi bien en
quantité qu’en qualité. La restauration et le maintien de la sécurité étant des
maitre-mots de l’armée, toute action en vue de la résilience de la Nation congolaise
devra intégrer prioritairement le renforcement du tissu de la défense par le
recrutement et la formation rigoureux des éléments des Forces Armées de la
République Démocratique du Congo.
BIBLIOGRAPHIE
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- O. MEIER, Dico du manager. 500 clés pour
comprendre et agir. Concepts, théories et pratiques, Paris, Dunod, 2009.
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recrutement et gestion de l’incertitude Une typologie des pratiques en France,
Marseille, Céreq, 2009.
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coll. « Repères », Paris, La Découverte, 2000.
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D. IBANDA KATENDA (Capitaine du Génie), Déontologie de l’officier.
Edition révisée. Likasi, Edition des Imprimeries du Collège Tutazamie, 2006.
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2è édition, Paris, Dunod, 2007.
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in Education Permanente, n°95, Octobre 1988, pp.11-20.
3.
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LA R.D.C., Code du travail, Kinshasa, Cabinet du Président de la
République , 25 Octobre 2002.
- Idem , Loi no 023/2002 du 18 novembre 2002 portant code juridique
militaire. Loi No 24/2002 du 18 novembre 2002 portant code pénal militaire.
44eme numéro spécial du20 mars 2003, Kinshasa, Cabinet du Président de la
République 2003.
- Idem, La constitution
de la République Démocratique du Congo, Kinshasa, Cabinet du Président de
la République 2006.
-
Idem, Ordonnances portant organisation et fonctionnement des Forces Armées
de la République démocratique du Congo, Kinshasa, Cabinet du Président de la
République, 2013.
- Idem, Loi N°
13/005 DU 15 JANVIER 2013 portant statut du militaire des Forces Armées
de la République Démocratique du Congo, Kinshasa, Cabinet du Président de
la République, 2013.
4. Wébographie
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http://www.congoforum.be/upldocs/DE%20LA%20FORCE%20PUBLIQUE%20AUX
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A9mocratique ̲du ̲Congo ‡Force ̲publique ̲ :
̲1885-1960 du 13 juillet 2011 à 19 :05
A9mocratique ̲du ̲Congo
‡Forces ̲Arm.C3.A9es ̲Za.C3.AFroises :
1971-1997 du14 septembre 2011 à 19 :30
- http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat_ind%C3%A9pendant_du_Congo.
Consulté le 2 Décembre 2015 à 11 :23
Merci, Cher Jean Bosco, pour cet article très riche.
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